J’ai lu : Les lendemains, par Mélissa Da Costa

Comment ai-je découvert ce roman ? Pour l’histoire, je logeais en face de l’école militaire de la ville d’Angers en France quand j’ai trouvé sur l’étagère de mon hôte plusieurs livres. L’un d’eux était de Mélissa Da Costa. Mélissa Da Costa ? Ca me disait quelque chose. Cette romancière est en effet une auteur à succès, de celles dont on voit le nom sur les rayons des boutiques en gare ou encore à la Fnac. J’ai pris le livre et pendant quatre jours je l’ai lu. L’histoire commence ainsi : 

La serrure rouillée cède difficilement. L’homme est obligé de forcer, de retirer la clé, d’essayer encore. Ici aussi il fait terriblement chaud. Pas aussi chaud qu’en ville ou qu’en plaine, mais tout de même. La température avoisine les trente degrés. L’homme souffle, semble réfléchir une seconde, puis donne un léger coup d’épaule contre le bois de la porte, en même temps que la clé tourne. Un déclic : le lourd panneau à la peinture écaillée cède et bascule vers l’intérieur, vers l’obscurité, la fraîcheur.

Publié en 2020, Les lendemains suit Amande, une femme qui emménage à la campagne pour vivre son deuil. Enceinte lorsque son mari perdait la vie dans un accident de moto, elle avait alors donné naissance à un enfant inanimé. Ces deux êtres chers disparus, elle doit survivre à la soudaine et violente solitude qui la saisit à la gorge.

Je ne parle plus, non que je sois particulièrement obéissante, mais parce que la douleur me reprend. Lancinante. Parce que je peine à y croire. Benjamin là, et plus là la seconde d’après.

Pourtant Amande n’est pas seule. Sa belle-famille la soutient et lui rend visite dans sa maison de campagne. D’anciens élèves de son mari rendent hommage à celui-ci avec leur humour et leur fraîcheur adolescente. Non, Amande n’est définitivement pas seule ! Lui tient aussi compagnie spirituellement l’ancienne occupante de la maison, jardinière passionnée. En suivant ses notes éparses et laissées comme des souvenirs à travers la maison, Amande va se mettre à travailler la terre et donner vie au jardin.

Je sème en décalé, j’arrache les mauvaises herbes, j’arrose, je retire les tunnels, je remue le compost, je plante des coquilles d’œufs écrasées autour des plants afin de chasser limaces, vers gris et escargots, une autre technique secrète de Mme Hugues.

Certaines scènes montrent Amande qui s’égare et perd espoir. La jeune femme a abandonné son emploi. À la place, elle dort, cuisine et fabrique des banderoles de coupons de tissu pour égayer son jardin. Elle bricole des percussions de vent avec des coquillages et des morceaux de métal. Elle se recueille en harmonie avec la lune et au pied de cet arbre chargé d’histoire, un saule.

« Tu prends la voiture ?

– Non. Avec la fête de la Musique qui se prépare, et les rues bloquées, il vaut mieux que je prenne la moto. Je serai plus rapide.

– Bon. »

Finalement, le roman est ponctué de nombreux dialogues qui facilitent la lecture et font entendre une langue française orale et contemporaine.