Cette histoire est inspirée de l’article comique “24 Hours with a Newborn and a Toddler” (en anglais) par la blogueuse australienne Lauren Dubois. En l’écrivant, je vous offre une lecture un peu différente de d’habitude. J’espère que vous vous amuserez en lisant !

Commençons à 3h du matin. Non pas parce que c’est le début de la journée, puisqu’il n’y a pas de début à votre journée. D’ailleurs il n’y a pas de fin non plus. Ce n’est qu’un interminable et délirant continuum de temps…

3 Heures du Matin

Vous posez doucement votre bébé dans son berceau et vous vous effondrez dans votre lit, en espérant que vous pourrez dormir deux bonnes heures avant qu’il ne se réveille à nouveau.

Vous voilà endormie avant même d’avoir fermé les yeux.

3 Heures et 6 minutes

Un théâtral et caverneux “miaaaarrrou” résonne quelque part dans la pièce. Ce n’est pas votre bébé (humain), c’est cet autre bébé qui vous informe que c’est à son tour d’être debout !

Une partie de votre cerveau envisage de jeter le chat bien-aimé par la fenêtre, tandis que l’autre partie relativise en se disant qu’il y a des chances que l’animal se rendorme tout seul. Cette partie a raison sur le “pourrait” conjugué au conditionnel. En effet, juste à ce moment, un boulet de 3,5 kilos se propulse du pied du lit vers votre oreiller.

Votre ami à quatre pattes commence cette danse nuptiale qui consiste à vous marcher sur le ventre, à s’asseoir sur votre poitrine et à faire des attaques furtives sur vos doigts de pieds. La chorégraphie se termine avec le chat enroulé contre votre tête, son nez humide contre votre joue, sa queue en travers du visage du papa assoupi à côté, et en fond sonore un ronronnement de Harley Davidson.

Puis le chat (c’est un siamois) entre dans sa phase de sommeil paradoxal. Il émet d’étranges bruits et il a des spasmes musculaires. Votre tante ayant le syndrome des jambes sans repos, vous pensez l’espace d’une seconde que cela pourrait être de famille. Puis, vous vous souvenez que ce n’est qu’un chat et que vous n’avez aucun lien génétique. Votre cerveau embrumé a manifestement besoin de sommeil ! Mais bébé respire bruyamment. Le félin familial se déplace dans une position plus confortable (uniquement pour lui). Le mari ronfle. Cette nuit est un mélange de tendresse infinie et d’inconfort rhinopharyngé.

Vous devriez vous dire “oh, c’est si beau, les amours de ma vie réunis au même endroit”, mais vous pensez en fait “EST-CE QUE JE PEUX DORMIR, BON SANG DE BONSOIR ???” Ahhh… le bonheur parental <3

03H30 – 05H00

Vous avez en partie oublié ce qui s’est passé cette nuit, mais en tout cas ce n’était pas un sommeil réparateur.

Baby looking at his furry Siamese friend.

05H-06H

“Miaou.”

“Miaou!”

“Mrrrrrrrraw?”

“Miaouwwww.”

Les spécialistes des félins vous diront que le siamois est une race de chat vocal et que les maîtres finissent par s’y habituer. Ils ont raison pour l’aspect vocal, cependant, vous ne vous y habituerez JAMAIS. Les chats siamois sont capables de partir en monologue d’une demi-heure, pendant lequel ils vous racontent leur journée, comment il faisait frisquet ce matin, comment ils ont aperçu le camion de livraison par la fenêtre, comment le chien du voisin a l’air tellement bête, et miaou, et miaou. Ils font aussi des prouesses dans le registre du dialogue :

“Mrrrwa.”

“Je dors.”

“Mrrrwa.”

“Papa dort, maman dort, bébé dort et minou dort aussi.”

“Miaou!”

“J’ai dit DODO.”

Chuchoter en majuscules n’aide pas.

“Miaou. Miaou.”

“Tu as faim?”

“Miaou !”

“Il est trop tôt. Il faut attendre l’heure du petit-déjeuner comme tout le monde.”

“Miaou…” (plaintivement)

“Miaou.” (vous vous mettez à parler chat vous aussi avec un léger accent français.)

“Miaou! Miaou! Miaou…..”

“MIAOU MIAOU.”

“Miaou. MeoOOOWww. MRRROW. MRRAW. MRRAW. MRRRAWWW !”

Vos talents de négociatrice échouent à 5 heures du matin. Vous finissez par lui donner des croquettes, contredisant votre principe d’éviter le grignotage entre les repas. Monsieur chat semble satisfait. Vous retombez comme une masse dans votre lit.

06H25

Gratte, gratte, gratte.

C’est pas vrai… Après avoir servi les croquettes et être retournée vous coucher, vous avez fermé la porte de la chambre et oublié le chat derrière.

Heureusement, papa est debout et emmène la boule de poils au rez-de-chaussée pour que vous puissiez avoir “une bonne heure de sommeil”.

Bébé est réveillé et il gazouille en gigotant. Comme il est content de vous voir ! Vous vous souvenez à quel point vous devriez “profiter de chaque seconde” comme vous disent tous vos amis qui ont des enfants déjà adolescents, car ces moments précieux ne dureront pas et avant que vous n’ayez le temps de dire ouf, ce petit ange sera grand et partira faire sa vie de nomade digital à 10,000 kilomètres de vous. Mais l’heure n’est pas au carpe diem car au moment même, votre siamois survolté se précipite dans la pièce avec sa queue en plumeau à poussière électrifié. Vous le laissez se cacher sous le berceau (il n’a pas le droit d’aller dessous, mais peu importe vu où on en est maintenant) et vous vous penchez par-dessus les barreaux de bois avec un sourire de maman attendri, prête à prendre votre bébé de 2 mois pour sa tétée du matin, quand…

“AOUCH !”

Ce chat est complètement zinzin. C’est qu’il vous attaque, le sacripan ! Vous plaisantez parfois en le décrivant comme borderline. En vérité, s’il passait le test clinique, il serait diagnostiqué bipolaire. Parfois il vous semble tellement mignon que vous le surnommez “petite souris”. Ca le vexe un peu, mais ça lui va si bien. Or ne vous y fiez pas : la petite souris a un pouvoir de métamorphose. En quelques secondes, elle se transforme en démon toutes-griffes-dehors. Si vous espérez vous sauver en vous cachant sous la couette, n’y comptez pas ! La bête déchiquètera les draps jusqu’à ce qu’il vous trouve dessous. La métamorphose est d’ailleurs en train de s’accomplir sous vos yeux. Un frisson vous parcourt…

“Chéri !!!” 

Vous appelez à l’aide tandis que votre félin démoniaque s’aplatit au sol et plie ses pattes arrière. Il va bondir sur vous. Heureusement, votre mari arrive juste à temps. Il attrape le chat-garou par la peau du cou, l’enferme dans la salle de bain (des miaulements furieux résonnent derrière la porte) et vous êtes enfin seule, en tête-à-tête avec votre bébé d’amour. C’est l’heure du repas !

07H15

Le papa vous dit au revoir d’un bisou sur la joue, agrémente cela d’une tape dans le dos pleine de sollicitude tout en vous souhaitant bonne chance. Vous regardez l’heure. Encore onze heures à passer…

07H30

Vous parlez à votre siamois à travers la porte de la salle de bain. Vous lui expliquez qu’il peut retourner avec la famille à condition qu’il se comporte bien.

08H00

Le chat joue seul avec sa souris à ressort. Vous vous sentez coupable de ne pas avoir fourni la dose quotidienne d’interactivité recommandée par votre vétérinaire. La culpabilité disparaît lorsque vous voyez vos cheveux dans le miroir. À quand remonte votre dernier shampoing ? Vous jetez un coup d’œil à l’intérieur du berceau. Bébé dort ! Course à la douche.

08H02

Gratte, gratte.

“Miaou…”

Gratte, gratte. Scriiiiiiitch…

“Je suis sous la douche !”

“MrrrrWAH.”

Votre boule de poils pousse la porte. Il a toujours aimé le bruit des fontaines et de la pluie qui tombe. Le voilà qui s’assied et écoute le chant de la douche. Qui savait que les chats pouvaient être de tels poètes ? Une minute passe pendant laquelle vous pensez que oui, la vie est belle parfois.

Clang, clang, BOM !
L’animal a sauté sur le lavabo et renversé des bouteilles. Un parfum de rose se répand dans la salle de bain. Vous priez la déesse Ganesh que ce ne soit pas votre flacon Serge Lutens. Heureusement, ce n’est que votre lait démaquillant qui s’est ouvert et a roulé sur le sol. Vous décidez d’ignorer le désordre et de rester sous la douche. C’est si bon, cette eau chaude qui ruisselle le long de vos reins. Rien ne peut vous en distraire. Rien, sauf — bébé qui pleure. WTF.

08H20

Vous décidez d’aller au parc.

09H40

Après trois changements de couche, autant de pyjamas lancés à la corbeille à linge, une tentative de fugue du félin familial, vos genoux égratignés (en vous jetant par terre pour rattraper la bête) et un appel téléphonique avec votre mère pour lui expliquer pourquoi maintenant n’est pas le bon moment pour l’aider à régler les paramètres de sa boîte e-mail, vous abandonnez le projet de balade.

09H45

Vous vous asseyez pour nourrir le bébé. Dans le même temps, vous lancez des jouets sur votre chat pour l’empêcher de faire ses griffes sur l’accoudoir du canapé. Les objets atterrissent un peu partout par terre et vous vous réjouissez en pensant qu’il faudra bien sûr les ramasser après.

10H00

Vous essayez de convaincre votre chat avec des arguments sensés que pour faire ses griffounettes, le grattoir écologique est tellement mieux que les meubles de la maison. Mais parfois, les siamois ne sont pas aussi rationnels qu’ils le paraissent.

10H45

Bébé est éveillé et actif ! Vous le retournez pour faire un peu de “tummy time” (temps sur le ventre) comme disent les pédiatres américains. Il gazouille en regardant tout autour de lui. Vous admirez son incroyable tonicité et secouez un hochet devant lui pour l’encourager à persévérer. Il tient sa tête pendant 40 secondes. C’est l’accomplissement du jour ! Vous soupirez d’aise.

11H00

Changer la couche de bébé prend plus de temps car quelqu’un a ABSOLUMENT besoin de votre aide pour partager les dernières photos du club de marche nordique avec son amie Josette. Vous défaites la pampers en expliquant à votre mère qu’il faut cliquer sur le gros bouton bleu, là. Trouver le bouton devrait être simple puisque, comme vous lui faites remarquer, les interfaces utilisateurs ont été pensées pour que même les moins de 3 ans s’y retrouvent (c’est Steve Jobs qui l’a dit). Grand-mère est vexée et vous répond avec des commentaires désobligeants sur la façon dont vous prenez 45 minutes pour changer bébé. Vive la famille.

11H45

Bébé a décidé que vos bras étaient le meilleur endroit du monde pour piquer un roupillon. C’est donc d’une seule main que vous préparez la boîte de suprême-d’émincés-de-poulet-en-sauce pour le chat. Monsieur siamois prend une bouchée et demi et s’assoit devant le placard pour exprimer son désir d’obtenir des croquettes à la place. Vous ramassez le bol de pâté et, votre ventre gargouillant, vous envisagez pendant une seconde de manger ça vous-même.

Midi

Vous attirez le chat dans la chambre avec son jouet à plumes. Il n’est pas dans le mood pour jouer, non, il veut des câlins, tout comme bébé-qui-ne-quitte-jamais-les-bras.

Ils s’endorment tous les deux, vous piégeant sous leur six kilos de tendresse, ce qui déclenche en vous un débat intérieur pour savoir si vous devez essayer de vous lever ou si vous devez accepter votre sort et laisser les êtres que vous aimez vous utiliser comme leur matelas.

Après une longue réflexion, votre vessie prend la décision à votre place. Dans un mouvement digne d’une athlète de crossfit, vous parvenez à vous lever sans les réveiller.

Le chat se met en boule sur la couverture et vous allez faire pipi avec bébé endormi dans vos bras.

13H00

Vous descendez pour vous préparer une tasse de thé. Vous allumez la bouilloire. Cela réveille votre chat. Bébé se met à pleurer. Adieu, thé. Bonjour, ménagerie !

13H10

Le bébé a perdu son calme angélique et vous faites des allers-retour dans le couloir en vous trémoussant pour le bercer, pendant que votre siamois vous court dans les pattes en miaulant comme un martyr pour que vous lui ouvriez la porte du jardin. Il s’égosille tant et si bien qu’on l’entend par-dessus les pleurs, et vous vous demandez s’ils font un concours pour savoir qui peut crier le plus fort. Leur demander gentiment de baisser le niveau sonore est bien sûr complètement vain.

Vous regardez l’heure car il est sûrement bientôt temps de dîner. L’envie de pleurer vous submerge quand vous réalisez que l’après-midi a à peine commencé !

14H-15H45

Vous décidez de donner une seconde chance à la balade. Oh, le bon vieux temps où vous vous promeniez au parc avec votre chat. Ensemble, vous faisiez sensation !

Les gens étaient étonnés de voir qu’un chat (le vôtre) pouvait marcher en laisse. Vous expliquiez qu’un siamois était un cerveau de chien dans un corps de chat. En effet, avant la balade, il attendait patiemment devant la porte. Il faisait des mamours à son collier, et il ronronnait quand vous lui attachiez son harnais. Une fois dans la rue, il ouvrait le chemin comme un prince ! Il restait fidèlement près de vous tout au long de la promenade.

La nostalgie vous saisit. Et si, aujourd’hui, vous vous tentiez la promenade avec bébé et le chat ? La poussette à la main droite, la laisse à la main gauche, et le tour est joué ! Après tout, les mamans sont des expertes du multitâche. Tout devrait bien se passer. Vous chassez de votre esprit le scénario de voter chat qui s’échapperait pour attraper un oiseau. Si on a peur de tout, on ne fait plus rien.

Confiante en vous, vous installez bébé dans son landau. Puis, c’est au tour du siamois à qui vous enfilez son harnais. Les grands yeux bleu océan vous adressent un regard languissant de gratitude. 

Promenade avec siamois en laisse.
Promenade avec le premier bébé.

Vous voilà dehors tous les trois. Vous marchez avec confiance sur le chemin de terre. Il fait bon. Une brise légère caresse votre visage. Les nuages voguent paisiblement dans le ciel. La vie est belle. Le chat s’arrête de temps en temps pour brouter les herbes folles. Il est doux comme un agneau et il semble profiter de cette promenade pour se purger et faire son plein de fibres alimentaires.

Et soudain, votre respiration s’arrête. Vous voyez votre chat, qui voit un écureuil, qui est innocemment affairé sur sa châtaigne.

“Hek-hek-hek.”

Ce claquement de mâchoire est le signe que le prédateur s’est réveillé en votre chat. Il se tapit contre terre. Il roule des épaules avec une sensualité orientale. Il dandine son derrière, et…

“Non !”

Trop tard. Votre cerveau-de-chien-dans-un-corps-de-chat oublie complètement sa discipline canine. Il s’élance comme un guépard ! Le rongeur a le bon réflexe de se carapater et il détale en direction de son arbre. Il atteint le tronc et fait des tours à n’en plus finir. Avec votre chat qui lui court après, ils ont l’air de jouer une scène du dessin animé Tom et Jerry. Vous levez nerveusement les yeux vers les hautes branches. Pourvu que vous n’ayez pas à appeler les pompiers pour aller le chercher. Vous auriez trop honte ! Par chance, votre chat ne suit pas l’écureuil là-haut. Au lieu de ça, il se faufile dans des buissons impénétrables.

Bébé gazouille dans son berceau. Il y en a au moins un qui trouve ça amusant ! Vous appelez votre chat pour qu’il revienne. Vous essayez de l’attirer avec un bâton. Vous promettez de lui donner sa friandise préférée lorsque vous serez de retour à la maison. Une joggeuse passe et elle vous voit à quatre pattes, la tête dans les buissons. Vous vous redressez en tentant un air de dignité. Dès que la femme est partie, vous replongez dans les buissons. Aïe, c’est qu’il y a des épines ! C’est peine perdue. Votre chat s’est échappé !

Bébé montre des signes de faim. Vous décidez de rentrer chez vous, convaincue d’avoir perdu votre compagnon à quatre pattes pour toujours.

15H45-17H45

Bébé est joyeux et éveillé. Vous lui chantez des comptines, vous agitez des jouets sous ses yeux, vous êtes sa meilleure coach d’éveil. Vous sortez les cartes Montessori pour une séance de pédagogie alternative. Vous êtes une mère parfaite. Votre propre maman serait fière de vous ! Sauf que… non, refoulez vos larmes, ne pensez pas à votre chat.

Quelqu’un ronfle dans le salon. Vous réalisez que c’est vous. Vous êtes en train de vous endormir ! Allez, c’est l’heure de la sieste.

17H45

“Ding Dong!”

Vous ouvrez une paupière. C’est le papa qui doit être rentré ! Vous regardez l’heure et réalisez qu’il est trop tôt pour que ce soit lui. Qui cela peut-il bien être ?

“Ding Dong!”

Vous ouvrez la porte d’entrée.

“Hum, hum !”

Une de vos voisines vous tend le siamois fugueur. C’est cette pimbêche à qui vous ne dites jamais bonjour quand vous la croisez. Avec un ton de voix douceâtre, elle menace d’appeler la SPA. Vous pensez que ce serait une excellente solution de cat sitting et vous la remerciez. Vous lui proposez de venir prendre un café, mais dès qu’elle entend le bébé pleurer, elle dit au revoir et elle tourne les talons. Vous êtes à nouveau seule. 

“Ouinnnnnnn”

“Miaou !”

Seule ? Non, une maman n’a jamais un moment complètement seule.

18H00

Le papa rentre à la maison un peu plus tôt que d’habitude. Finalement, vous pouvez vous accorder une petite pause. Cette “pause” signifie 30 minutes de lessive et de repassage pendant lesquels vous n’avez pas besoin de crier sur qui que ce soit. C’est fou à quel point plier des chaussettes peut être profond et méditatif. Quel bonheur.

19H00

Bébé est propre, en pyjama et prêt à dormir.

21H00

Etre, ou ne pas être ? Telle est la question.  

21H10

Vous sortez quelque chose de non-identifié du réfrigérateur, le passez au micro-onde et appelez ça “dîner”. Vous vous asseyez sur le canapé et faites semblant de regarder la télévision tout en souhaitant pouvoir simplement dormir mais en refusant d’aller au lit, car si vous vous couchez dès que le bébé dort, cela signifie que votre vie entière consiste “à vous occupez des enfants et dormir”, ce qui révolte votre âme de féministe. Vous vous endormez sur le canapé.

22H00

Votre mari vous secoue et vous traîne avec compassion jusqu’à votre lit.

22H10

Bébé se réveille en pleurant. C’est parti pour une nuit de folie.

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